Candice – Bussy-Saint-Georges (77) – 13/04/2020

CHAPITRE I

Je voulais faire des rimes.
Je voulais être dynamique et commencer sur des lignes qui auraient donné le sourire.
Au final les mots sont tout autre.
La situation est inédite et je ne cherche plus à influencer quiconque si ce n’est ma propre personne.
Moi.

J’aurai également pu citer un philosophe, un personnage historique ou encore « Monsieur et Madame Tout Le Monde » mais encore une fois, tout ceci n’aurait pas été très sincère.

« Nous avons du temps » me rappelle constamment l’horloge d’un cliquetis poétique, frénétique mais surtout emblématique.
Oui, au regard des secondes s’écoulant, le discours change et devient le fameux « Nous avons le temps ».
Ce n’est plus drôle. Les premiers jours l’étaient.
Heureux et bénis soit cette apesanteur au délicieux parfum de repos.
Une ode à la vie ! Elle nous permettait de mettre sur pause cette cadence bien trop chargée.
Cette course au sésame. Adieux métro, boulot, dodo.
Non, je ne parle pas de Rat Race mais j’évoque juste le rythme de nos semaines.
Ce flottement commençait donc avec un goût de vacances, de famille … sauf que son véritable visage est le Covid-19.

Ovni méconnu. On le sous-estimait.
Une maladie autochtone et lointaine pouvait-elle vraiment traverser les frontières et oser bouleverser, que dis-je, terrasser sans amertume nos vies ?
« Oh que oui ! ».
Les fières humains que nous sommes pensions être à l’abri encore une fois.
Trop bien lotis pour nous retrouver en terre inconnue mais pourtant ces dernières semaines nous ont bien démontré le contraire.

La Terre reprend ses droits ou serait-ce la Nature qui nous demanderait à tous un peu plus de respect ?
Ne serions-nous pas devenu tributaire de nos actions passées et actuelles ?
Nous avons semés et récoltons !!!

De maîtres que nous étions hier, nous sommes devenus l’esclave de l’esclave car aujourd’hui, ayant négligé la nature, la nature a reprit ses droits.
Avons-nous tiré une leçon de ce que nous avons été tout ces siècles.

Une tumultueuse romance.
Voilà donc le statut de notre relation avec le Corona. Rona pour les intimes.
Virus intrépide et nomade, il traque le globe à la recherche d’un graal.
Saurons-nous le détecter avant que la partie ne se termine ?
Un fiasco total.
Tant de questions se bousculent, se pressent et nous envahissent alors autant lui survivre.
« Œil pour œil, dents pour dents » nous chante la loi du Talion.
L’Humanité n’a donc pas dit son dernier mot. Elle souhaite se battre et piétiner cette piètre faucheuse.

Emprisonnés nous sommes, prisonnière je suis.
Je prends mon mal en patience, élaborant des scénarios, perfectionnant mon optimiste.
Je me sens devenir une nouvelle version.
Une mise à jour. Qui l’eut cru ?
Je n’avais le temps de rien, en carence de sommeil, à galoper derrière mes rêves, et pourtant voici le premier coup d’arrêt.
Du temps à l’infini.
Un bonheur inouïe.
Un instant pour grandir.
Rire, écrire, réfléchir et pourquoi pas, ne ce serait-ce qu’une fois et cette fois pour de vrai : Vivre ?

Mélodieux tout ça.

S’accrocher à ses talents, se trouver des passions ou bien vivre d’amour et d’eau fraîche.
J’y crois mais dans d’autres circonstances car en dehors des grands discours appelant à la solidarité et à l’effort collectif, la grisaille plane. Soyons-en conscient.
Non, je ne suis pas alarmiste, mais nous sommes bien loin de souper sous une brise d’été.

Je continuerai de danser et de chanter à tue-tête à en énerver mes voisins !
Cependant, je me refuse de rester dans une léthargie.
« Que me caches-tu Corona ? », « Comment en sommes-nous venu à nous trahir de la sorte ? »,
« Pourquoi es-tu si insatiable ? » enfin « Qu’as-tu que les autres n’ont pas ? ».

Tu as frappé à toutes les portes, ta ligne de front s’est aussi déplacée.
La guerre s’est déclarée en nos domiciles.
Les parents se battent entre eux.
Les enfants de même.
Les parents contre leurs enfants.
Nous en arrivions à des luttes intestines qui montre, à suffisance, la fragilité de cette proximité forcée.
De cet havre de paix qui est devenu un affreux champ de mines où chaque pas mal posé peut faire partir une explosion.
Telle est maintenant la facétie que Corona a injecté dans certaines familles.