Des nuisibles vraiment nuisibles ?
L’homme est une espèce nuisible pour son environnement par ses activités humaines et ses méfaits face à la biodiversité…
Alors que nous nous offusquons de l’attitude du président Donald Trump au sujet du massacre des animaux protégés aux états unis, qu’en est il dans notre pays ?
L ‘Arrêté du 30 septembre 1988 fixe la liste des animaux « susceptibles d’être classés nuisibles » sur avis du Conseil National de la Chasse et de la Faune Sauvage, consortium composé par souci démocratique d’une majorité de chasseurs. C’est en fonction de cette liste nationale que chaque Préfet choisit, chaque année, les espèces qu’il livrera à la merci d’un massacre en toute légalité de son département.
Ragondins, Renards, fouines, martres, belettes, putois, corbeaux freux, corneilles noires, geais, pies bavardes, pigeons ramiers… Ils sont 12 mammifères et 6 oiseaux à être classés «nuisibles» en France. Ce sordide classement autorise les chasseurs, éleveurs, agriculteurs, pêcheurs à détruire ces animaux toute l’année et sans quota. Les méthodes utilisées sont : le tir, le piégeage, le déterrage, le gazage, l’empoisonnement qui ne sont pas sans conséquence sur l’environnement.
Le Ragondin (myocastor coypus)
est un animal qui n’est pas originaire d’Europe mais d’Amérique du Sud. Il a été introduit sur le territoire français au XIXème siècle pour sa fourrure.Importé en France au début du XXème siècle pour nettoyer les étangs puis ils étaient élevés en masse pour sa fourrure . Passé de mode et suite à la crise économique de 1929, les animaux ont été relâchés inconsciemment par l’homme dans la nature où ils se sont adaptés au climat et se sont multipliés sans leurs prédateurs originels. Le ragondin est actuellement présent sur la quasi totalité du territoire français que l’homme ne veut plus partager…
Le ragondin est accusé de détruire les berges, les récoltes, de transmettre la leptospirose.
A la différence nos amis Anglais confrontés aux même problèmes de la crise économique de 1929, ont réglé le problème immédiatement sur leur territoire empêchant la prolifération de l’espèce.
Pour l’éradiquer les méthodes ne manquent pas : piège, déterrage, chasse … et celle trop souvent employée : l’empoisonnement par la bromadiolone. Les ragondins meurent dans des souffrances atroces. Cette solution pollue, touche d’autres espèces et ne solutionne absolument pas le problème.
L’état se rend d’une manière coupable entre l’emploi de matières chimiques effectué conjointement avec de grands groupes industriels et celui de détruire l’environnement et des espèces protégées.
En tant qu’espèce exotique, il présente un risque de perturbation pour les écosystèmes aquatiques, il fragilise les berges et fait des dégâts sur les cultures. Il est classé nuisible et peut, à ce titre, être piégé de façon sélective, la lutte chimique étant délaissée pour ses effets néfastes sur les autres espèces. À l’inverse, lorsque sa densité n’est pas trop importante, cette espèce joue un rôle positif dans l’entretien de la végétation des marais (roseaux, lentilles d’eau)
Pour mieux comprendre le ragondin (myocastor coypus) et la gestion de son expansion en France, Catherine Lacroix et François-Xavier Pelletier ont proposé un documentaire de 54 mn : « les dents du marais » réalisé en 2002, qui explore tout du ragondin : son physique, son comportement, son histoire, ses amis, ses ennemis pour (r)établir des vérités qui vont déranger…
Pour découvrir le ragondin en captivité, il existe un lieu en charente maritime Le parc myocastor dolus d’oleron
Le Lapin de garenne (Gryctolagus cuniculus)
est un habitant des petits bois, des lisières de forêts et des talus arborés. Il y creuse ses terriers, les garennes, qu’il habite en famille et dont il ne s’éloigne guère, tout au plus de 600 mètres. Cette habitude casanière peut conduire à d’importantes concentrations de population et ainsi, à des difficultés pour le maintien des talus ou à des dégâts aux cultures. En effet, le lapin est friand de jeunes pousses de blé et de tournesol.
Si le lapin de garenne est localement considéré comme envahissant en raison de sa densité de population ou plutôt des dégâts qu’il peut faire sur l’agriculture et la sylviculture, il a pourtant fortement régressé ou même disparu d’une vaste partie de son aire ancienne de répartition, ce pourquoi l’UICN l’a en 2007 considéré comme près de la limite au-delà de laquelle il serait à inclure dans les espèces menacées. Les populations du lapin de garenne ont régressé à cause de la dégradation et fragmentation de leur habitat, de la chasse, de la myxomatose et de virus hémorragiques ou d’autres maladies. La mortalité routière est également une cause de régression de populations.
La disparition locale du lapin de garenne pose divers problèmes écologiques :
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ils ne mangent plus la strate herbacée qui se développe en évapotranspirant plus et en produisant des milieux secs en été, sensibles aux incendies ;
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les grands prédateurs (loups, lynx, grands rapaces) souffrent d’un manque de proies, ce qui met en péril des espèces très menacées telles que le lynx ibérique ou l’aigle impérial.
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ils ne creusent plus de terriers qui contribuent à remobiliser la banque de graines du sol et sont souvent utilisés par d’autres espèces.
Le Renard (Vulpes vulpes)
est un véritable opportuniste qui arrive à s’adapter rapidement à son environnement. Malheureusement, le renard roux a une mauvaise réputation. Voleur de poules, tueur de bétails, vecteur de parasites ou de maladies comme la rage, il est aujourd’hui encore considéré comme nuisible dans certaines régions de France métropolitaine. Sa chasse y est d’ailleurs autorisée toute l’année. Battues administratives, tir de nuit, piégeage, enfumage, déterrage… au total, entre 600 000 et un million renards sont victimes de la chasse chaque année en France. Cette destruction organisée, sans aucun quota, s’apparente à un véritable massacre aussi impitoyable qu’injustifié !
Pourtant, le renard roux est un allié précieux des agriculteurs, car ce sont de redoutables chasseurs de campagnols. Un individu peut en dévorer jusqu’à 5 ou 6 000 par an !!
Pourtant utile à l’agriculture, le renard ne cesse d’être persécuté sous couvert d’une prétendue « régulation ». Or, une quelconque limitation des effectifs implique tout d’abord la connaissance de l’état réel de la population vulpins, ce qui n’est pas le cas.
Le renard joue un rôle irremplaçable dans la chaîne alimentaire. Prédateur de petits rongeurs, il évite leur prolifération. Volontiers charognard, il participe à l’élimination des animaux malades et des cadavres, évitant ainsi la propagation des épidémies. Il exerce une sélection naturelle sans porter préjudice à son environnement.
De plus, la régulation des renards n’a pas lieu d’être. Les scientifiques ont prouvé que ces animaux sont munis de mécanismes d’autorégulation. C’est le nombre de proies qui détermine le nombre de prédateurs. Les prédateurs ne sont jamais trop nombreux. La nature est bien faite, elle sait ce qu’elle fait.
La Fouine (martes foins)
est un animal au pelage brun avec une bavette blanche sur la gorge et la poitrine. La fouine aime vivre à proximité des habitations humaines ou sous le toit des maisons. Par sa présence et son activité nocturne, elle peut déranger les habitants soit en rongeant ou en déchiquetant des matériaux isolants (gaines de câbles, isolation thermique…), soit par les cris ou cavalcades en période de rut, soit par les odeurs des déjections ou des charognes qu’elle laisse derrière elle. Elle peut aussi s’attaquer aux petits animaux d’élevage, notamment aux poulaillers, et les chasseurs lui reprochent également de tuer les mêmes proies qu’eux, ils cherchent donc à en limiter le nombre.
Comme elle est facétieuse, elle aime s’attaquer aux circuits électriques des maisons et des voitures, ainsi qu’à l’isolation (polystyrène et laine de verre). Cela n’arrange pas sa réputation de « puant » et son classement dans les animaux « nuisibles »
Son rôle écologique
Pourtant le fouine est utile en régulant les populations de rongeurs. Elle était déjà, à l’époque de la Rome antique, élevée pour capturer les souris et dératiser les habitations.
La Belette (Mustela nivalis)
est le plus petit carnivore d’Europe avec une moyenne de 20 cm de longueur pour un poids de 60 à 100 grammes.
La belette consomme principalement de petits rongeurs (campagnols, mulots). Il peut aussi lui arriver de s’attaquer aux nids d’oiseaux qu’elle pille en grimpant aux arbres. Les lapereaux, les amphibiens et les reptiles peuvent constituer des proies ponctuelles. Contrairement aux croyances qui lui valent la réputation d’être un tueuse de poules et par là ,même d’être chassée par l’homme.
Son rôle écologique
la belette peut être l’alliée de l’agriculteur car elle consomme une grande quantité de rongeurs qui sans sa prédation prolifèreraient exagérément. Son physique est idéalement adapté pour poursuivre les rongeurs jusque dans leurs terriers et galeries. Ses courtes pattes, son corps svelte et sa tête étroite lui permettent de se glisser dans les crevasses et fissures les plus étroites, interdisant tout refuge à ses proies. Celles-ci sont tuées d’une morsure dans la région occipitale qui disloque les vertèbres cervicales. La belette peut tuer des proies bien plus grosses qu’elle, comme les lapins, par strangulation et perte sanguine, conduisant à un arrêt cardiaque. En période d’abondance, il est fréquent que la belette ne consomme qu’une partie des proies tuées.
En France, la belette est toujours sur la liste des animaux classés nuisibles (malgré un court retrait en 2008), et ce malgré son rôle démontré dans la régulation des populations de rongeurs
Le Sanglier (sus scrofa)
est un mammifère omnivore, forestier, proche du porc.
En France, le sanglier est classé nuisible ou gibier selon les années. Il est surtout rendu responsable de nombreux dégâts dans les cultures, notamment par son habitude à retourner la terre avec son groin : pour les cultures et jardins, tout peut être dévasté, surtout lorsqu’ils sont nombreux.
Depuis 10 ans, la progression annuelle des tableaux de chasse est constante. Pour les gestionnaires de la chasse, l’espèce serait donc en accroissement. Cependant, il est à noter que les effectifs ont surtout augmenté de par l’agrainage, pratique réalisée par les chasseurs dans le but d’augmenter artificiellement les effectifs, ce qui a entraîné une surpopulation et des dégâts importants.
Il est évident que sans la chasse, nos forêts seraient envahies par les sangliers. Une régulation des populations est donc nécessaire. Cependant, il serait essentiel que l’on pratique, comme en Suisse, certaines restrictions. Le tir des marcassins et des laies suitées devrait être interdit. La déforestation est une des causes de l’intérêt des sangliers pour les cultures. La seule solution efficace est la pose de clôtures électriques. Les indemnisations pourraient être allouées à cette pose dont l’efficacité est prouvée. C’est l’homme qui suscite ce comportement nuisible.
Son rôle écologique
Le sanglier est un animal utile : Si les agriculteurs ont de bonnes raisons de se plaindre des sangliers, il faut souligner que son régime alimentaire est bénéfique pour l’écologie des forêts. Il aère la terre en extirpant bulbes et racines, et favorise de nouvelles pousses par l’enfouissage de graines et des fruits au hasard de ses repas.
De même, certains conifères sont fortement parasités par des insectes xylophages. C’est le cas des chenilles processionnaires qui peuvent ravager une forêt entière. On a calculé qu’un seul sanglier peut nettoyer de ses parasites 100 m² de sol par jour. Enfin, les sangliers régulent les populations de rongeurs.
Le Raton laveur (Procyon loto)
originaire d’Amérique, a été réintroduit en Europe dans les années 30 en URSS et en Allemagne pour sa fourrure, dans des fermes d’élevage et pour ajouter à la faune des forêts une espèce disparue depuis plusieurs siècles en Europe.
Parfaitement acclimaté et en l’absence de prédateurs, il a proliféré depuis. Aujourd’hui, on compte environ 100 000 ratons laveurs en Europe. L’espèce est présente au Luxembourg, en Allemagne, aux Pays-Bas, en France (Aisne où il aurait été introduit par des soldats américains), en Suisse, en Pologne et en Belgique.
Omnivore, le raton laveur a un régime alimentaire varié mais préfère néanmoins les invertébrés, les insectes, les vers et les larves. Étant protégé des piqûres par son épaisse fourrure, il s’attaque aussi aux nids d’insectes. Il mange de petits animaux aquatiques : palourdes d’eau douce, moules, écrevisses, poissons, grenouilles, tortues, amphibiens et huîtres. Il s’alimente aussi de petits mammifères (rats musqués, mulots). Il peut aussi s’attaquer aux poules. En été et en automne, il privilégie le maïs, les fruits, les baies, les glands et les noix. Dans les villes, il fouille dans les poubelles qu’il ouvre aisément avec ses doigts agiles. Il lui arrive de manger des charognes.
Aujourd’hui, il est considéré comme une menace pour la biodiversité et a été classé par le Conseil de l’Europe comme espèce invasive dont l’éradication est conseillée en raison de son impact sur la faune locale
Le Putois (Mustela putorius)
est un des rares prédateurs à s’attaquer au rat musqué (dont la taille est comparable à celle du lapin de garenne), mais aussi au surmulot. Ses proies principales figurent sur la liste des espèces classées “nuisibles” par arrêté préfectoral (France) et cela lui confère donc un rôle positif. Toutefois ceci mérite d’être nuancé, car l’espèce est aussi prédatrice du Campagnol amphibie, une espèce vulnérable au niveau mondial (UICN 2008). Lorsque le putois ne dispose pas de proies plus grandes à se mettre sous la dent, on estime à un millier le nombre de petits rongeurs détruits chaque année par ce prédateur. D’ailleurs, depuis une vingtaine d’années, plusieurs pays européens protègent l’ensemble des mustélidés, à l’exception parfois de la fouine qui cause des ravages dans les poulaillers et les pigeonniers mal protégés
Le Vison d’Amérique (Musela vison)
a été introduit en France pour l’exploitation de sa fourrure. Le développement et le déclin des visonnières au cours des années 1980 s’accompagnèrent de la libération plus ou moins volontaire de nombreux visons dans la nature.
Le Vison d’Amérique est un prédateur vorace qui capture des proies au delà de ses besoins. Il s’attaque ainsi aux oiseaux nichant au sol, aux oiseaux marins, aux populations de salmonidés dans certains systèmes fluviaux, au Campagnol amphibie. Certaines espèces indigènes peuvent être menacées suite à une compétition pour la nourriture et les habitats. Ainsi, le Vison d’Europe (espèce déjà menacée d’extinction) est chassé de son territoire par son cousin d’Amérique, les deux espèces occupant une même niche écologique. Les populations de putois semblent elles aussi affectées par la présence du Vison d’Amérique
La Martre (Martes martes)
est un petit prédateur carnivore qui se nourrit essentiellement de petits mammifères, d’oiseaux, d’insectes. Elle consomme aussi des fruits sauvages (églantier, fraise, framboise, etc.) ou parfois cultivés (cerise, pomme, etc.). Les mammifères sont consommés en toutes saisons. Les petits rongeurs constituent jusqu’à 80 % du nombre total de mammifères consommés. Il s’agit principalement de campagnols (campagnols roussâtres, campagnols terrestres, campagnols agrestes), de mulots et de musaraignes. De façon plus accessoire, la martre peut également se nourrir de lapins de garenne, de lièvres, d’écureuils et même de chauve-souris. Les oiseaux et leurs œufs forment un appoint important au printemps et en été, surtout si les rongeurs viennent à être moins abondants. À noter que la martre, en raison de son habitat forestier, ne s’attaque pas aux poulaillers.
De vrais nuisibles
Le Rat musqué(Ondatra zibethica)
est un rongeur originaire d’Amérique du Nord. Il a été introduit en 1905 en Tchécoslovaquie, puis en France pour la production de fourrure en élevage. Faute d’une mauvaise reproduction en captivité, l’élevage a été arrêté et des individus ont été relâchés. N’ayant que très peu de prédateur, l’espèce a rapidement proliféré jusqu’à coloniser l’ensemble du territoire.
La lutte contre le rat musqué est une nécessité dans certains départements du fait de l’ampleur des dégâts et des risques susceptibles d’être causés par ces rongeurs notamment en matière d’ouvrages hydrauliques, routiers ou ferrés, de santé humaine ou animale (leptospirose), de production agricole ou d’inondations.
Espèce introduite, le rat musqué n’a donc que très peu de prédateurs naturels (le renard, mais surtout le putois). L’homme est le seul capable de limiter ces populations.
Rappelons que pour la plupart des espèces dites nuisibles, elles ont été introduites par l’homme plus soucieux de son profit entre autre ou ont acquéris un comportement dit nuisible suite à les destruction de leur habitat. Hormis de beaux discours et des actions inadpatées, les politiques français n’ont pas montré leur capacité ou du bon sens dans leur manière de gérer les problèmes écologiques. S’appuyer sur des gens compétents, de terrains, d’expérience autre que des lobby de chasse, d’industriels soucieux de vendre leur poison contribuerait à redonner à notre pays un pas vers une gestin de l’environnement éco-responsable.