RENDRE LA PAROLE AUX « SANS VOIX »
Ces dernières années, notre société propulse dans la pauvreté, vers l’exclusion, un nombre de personnes en augmentation constante. Il est temps de réfléchir et d’agir afin de redonner la parole à ceux qui l’ont perdue. Pourquoi l’ont-ils perdu ?
Pour comprendre ce fait, et si l’on souhaite apporter, modestement, des actions significatives aujourd’hui, alors nous devons revenir sur les divers mécanismes poussant vers l’exclusion sociale. En effet, rien ne justifie l’injustifiable, que des hommes et des femmes puissent se retrouver au banc de la société, stigmatisés, humiliés et réduits au désespoir pour simplement survivre au jour le jour.
Sans un retour à la parole donnée, délivrée, entendue et écoutée, cette population visible réduite au silence demeurera prisonnière de son exclusion sans réussir à briser la chaine de l’enfermement la conduisant inéluctablement à la perte d’estime de Soi. Il incombe de cesser de les ignorer, de s’en accommoder, au prétexte que ces exclus l’auraient bien cherché. Dans notre société basée sur la méritocratie, ils seraient les uniques responsables de leur malheur et donc punis pour cela…
Plus que jamais, notre monde capitaliste, à l’image d’une machine à broyer, construit certes, mais aussi détruit et suscite nombre d’inégalités flagrantes. Ainsi, il laisse sur le bord de la route, avec ou sans aides servant à se donner bonne conscience, ces « décrocheurs » du progrès. Cette mécanique sociétale froide et impitoyable concentre alors une population réduite à la marginalité et au silence. Une population exclue manquant de tout, même de dignité !
Exclus, nos marginaux se voient privés de capacités à se mobiliser, à se faire entendre et donc il leurs devient impossible de se faire écouter des autres, notamment des politiques pouvant faire changer les choses… Le scandale se retrouve précisément là, puisque seule l’attention de ses dirigeants est capable ou non de rassembler ce qui est épars, et plus particulièrement cette population-là que l’on veut bien aujourd’hui reconnaître mais pas entendre.
Là où le monde est hostile, voir indifférent, ces personnes visibles et inaudibles ont besoin de nous pour exister et sortir de leur mésestime de Soi, des sentiments de colère et de honte. Aller à leur rencontre, les écouter parler de leur conditions de survie, nous permettrait de mieux identifier et d’agir sur la source de leurs problèmes. La prise de parole de ces oubliés de la société se matérialise au moyen du site Réflexions de France. En tant que porte-parole, soyons une des courroies de transmission de cette solidarité. À nous de porter à la connaissance de nos politiques l’appel à l’aide des « sans-voix » pour impulser un changement en profondeur de leur condition de survie, ainsi qu’un retour à leur socialisation par la parole.
STÉPHANE SZERMAN