Candice – Bussy-Saint-Georges (77) – 11/05/2020

CHAPITRE III

Du jaune, de l’or, de l’orange, du bronze, du sable et des forêts à perte de vue.
Les bruits, les songes, les danses, les anges, je crois que je me suis un peu perdue.

L’image est incroyablement belle. Plus jolie que dans les livres, les comtes et autres récits.
Ici, tout grouille de vie.
Ici, le ciel est pur.
Ici, je m’abreuve d’un cadeau unique que seul le berceau de l’humanité pouvait m’offrir.

Une toile mouvante où se mêle le passé, le présent et le futur.
Les couleurs se superposent et l’oeuvre n’en devient que plus belle. Rayonnante.
Je crois tout d’un coup au miracle, je crois avoir sous les yeux un paradis, du moins il en porte la marque.
Griffe d’un pacte Céleste, cette immensité me laisse sans voix.
Ebahie, hébétée, je me souviens de ma petitesse.
Emerveillée, galvanisée, je comprends enfin son importance.

La terre.

Cet espace du sud suscite tant de passions.
Un amour sacré qui nous transporte puis nous freine.
C’est dans ce décor fascinant qu’un nouveau théâtre se joue.
Acte après acte, différents acteurs se succèdent comme la mue des saisons.
Ca semble pourtant sans incidence pour la fleur en photosynthèse.
Le Varan du Nil s’est vêtu de sa parure de fête mais son frère d’Augrabies, lui vole la vedette.
Emeraude. Point. Un champ lexical si précieux.

Le lion se pavane en roi, maître de son territoire tandis que les hippopotames s’amusent non loin de l’empereur des ces fleuves, Monsieur le Crocodile.

La faune, la flore, cette terre, ce sol et puis soudainement son sous-sol commencent à intriguer.

Du noir, pétrole, du gris, coltan, enfin le voici, ce ballet si endémique !
Du blanc, ivoire, du rouge, sang, en laissent nombreux sans défense.
Eléphants et phacochères édentés, nous ne sommes plus si loin de la vérité.

Il est temps de tendre l’oreille et d’être plus attentifs.
Il me semble que l’air tremble, particulièrement troublé par des vibrations.
Il n’est pas question de piétinements ni de déplacements de masses.
Non ! Je comprends bien que la quiétude a repris son trône au royaume du règne animal.
Le son se fait plus fort, il me demande de le suivre. J’en cherche la source…
Je comprends enfin qu’il s’agit de touches de musique.

Nous nous rapprochons des villes, nous passons par de tout petits villages.
Les sourires et les âmes nous souhaitent gaiement « bon voyage ».
Puis, au détour d’un regard, je comprends pourquoi cette terre m’apprivoise : Elle relie mon coeur à l’humanité.
Je me précipite et souhaite comprendre ce que d’autres avant moi ont trouvé de si exaltant.
Alors serait-ce un tam-tam ? S’agit-il du délicat chant des Griots ?
J’aurai cru. J’ai voulu le deviner mais cet air devient strident.
Il perd de sa bonne humeur à mesure que je n’avance.

Le ciel se déchire.
Il reflète la colère de Dieu et le tonnerre gronde.
Les habitants semblent en avoir l’habitude.
Je ne veux plus ne pas comprendre.
Je murmure alors cette formule magique, qui, jusqu’à présent est mon repère dans la nuit noire : « Apprends-moi qui tu es. ».

Je suis née en Europe, bercée part une double culture.
J’ai grandi avec celle de l’Europe et de l’Afrique.
Celle de l’Afrique avec celle de l’Occidentalisation.
J’avais fait des valeurs de ma République un mantra dont les vers universels auraient dû faire écho jusque sur ces terres africaines.

Si seulement je n’avais pas été si naïve.

Bien au chaud dans mon confort, j’ai voulu imaginer que d’autres avaient ma chance.
Trop candide à vrai dire…

L’arc-en-ciel fait toujours son apparition.
Il est le trait d’union entre la colère et l’amour.
La tristesse et la quiétude.
Je me demande pourtant quand sonnera le jour où nous pourrions enfin parler de paix.

Alors « Oust, du balais ! » rêve éphémère car c’est ici que tout commence indéfiniment.

Le droit nous apprend la souveraineté de l’Etat.
La société nous fait assimiler le fait que certains ne grandiront jamais !

Jouons avec les mots, puisqu’il est toujours question de cela tout compte fait.
Ces Etats « enfants » ne doivent pas grandir et ne le peuvent pas.
Ainsi, ils nécessiteront continuellement la présence d’un chaperon « bienveillant ».
Alors, c’est un rire moqueur qui se loge à présent dans le fond de ma voix, car il devient difficile de distinguer les contours de cette relation.
Qui gagne ici ? Qui perd aussi ?

Toujours les mêmes !
Tout le monde le sait !
Pourquoi protéger cette mascarade ?

La mélodie que j’entends, n’est pas celle qu’elle devrait être.
Le bonheur semble la déserter tout en laissant place aux chants de la colère.
A vrai dire, nous nous devons maintenant de poser les bons termes : Il s’agit d’une révolte pour l’égalité de tous les hommes.

C’est donc si peu étonnant que l’Afrique soit l’ombre d’elle-même…
Les maux qui la rongent proviennent tant de l’intérieur que de l’extérieur.

Conspirateurs.

Nous sommes tout de même si nombreux à ne pas vouloir lui faire de Requiem.

A quoi bon chercher un coupable puisque nous le sommes tous ?
C’est une évidence que nous y avons contribué !
Quelqu’en soit l’échelle.
Cessons donc nos faux-semblants.
Pourquoi vouloir se donner bonne conscience ?
Les beaux discours et causeries en tout genre ne servent à rien.

Poudre aux yeux.
Le trade du « marchand de sable » se poursuit.

Triste farce.
Pendant ce temps, ces autres bien plus aux manettes, prennent des décisions meurtrières.

Facilitateurs.

Extrêmement riche ou absurdement pauvre, affamée et malade, le peuple d’Afrique se détourne de son sort.
Bonne augure ou présage funeste ? Le second sonne en effet comme le meilleur tire à la une des journaux.
Nous avons posé le contexte. Il était primordial de le faire.

Encore une fois, nous ne cherchons pas de vainqueurs ou de vaincus mais le moment est venu
de profiter de ce droit à la liberté de penser mais surtout à la parole pour diffuser ce message.
Le message qui veut qu’il n’y ai pas de sous-hommes et qui refuse l’idée que certaines vies valent moins que d’autres.

Des phrases ont été dites. Certaines plus rabaissantes …

Tout ces crimes centralisés.
Toutes ces corruptions déguisées.
Certains résidents même fortunés et se réjouissent d’un sort qui ne leur est même pas destiné.

L’Afrique résiste et devrait être épargnée par l’expansion la pandémie Covid-19.

La saisonnalité et les températures plus élevées de ce continent rendent défavorable la survie de ce virus.
Les gestes barrières appliqués ont également eu un effet positif.
N’oublions pas qu’il s’agit d’une terre de jeunesse ! La plus jeune de la planète !
Ainsi, ces questions de gouttelettes, de transmissions et de maladie généralisée, se voient défier par une meilleure santé immunitaire lorsque le temps est chaud.

C’est ainsi, que je ne crois pas me tromper lorsque je reprends les propos tenus par le virologie Yves GODIN du CNRS.

L’Afrique semble s’en sortir comparativement à nous autres, occidentaux.
Ironie du sort, c’est là que les gouvernants de beaucoup de pays ont donné le feu vert à une vaccination chez eux.

« Ah monde des merveilles » qui passe son temps à vendre puis sacrifier sa population pour quelques poignées de milliers de dollars.
Un argent qui ne contribuera même pas à l’avancée des siens…