Interview – René-Louis ADDA

Qui êtes vous René-Louis ADDA ?
Je suis né en 1963 dans le 93. Je suis issu d’un père juif d’Afrique du Nord et d’une mère ayant un grand père musulman noir marié à une italienne catholique.

J’ai suivi une formation scientifique math sup / math spé avant de me réorienter vers une maîtrise de gestion des entreprises et un DEA en systèmes d’information.

Professionnellement, après des stages et des emplois de courte durée dans des grandes entreprises, tant insatisfaisants pour mes employeurs que pour moi-même, j’ai très rapidement créé des entreprises. D’abord une junior entreprise à la Sorbonne, puis à la fin de mes études 2 entreprises, l’une en gestion de projets industriels (ASCO) et l’autre en informatique (JWS Jackson). La dernière a connu un dépôt de bilan.

Fort de mon expérience tirée de cet échec, j’ai rebâti une autre société dans le domaine du collaboratif en 1995, que j’ai vendue en 2000 à une entreprise cotée en bourse (SEEVIA). J’ai accompagné cette dernière société jusqu’en 2006, en tant que directeur de l’entité “e-business”, puis en charge de la croissance externe où j’ai repris deux sociétés (dont Integra) en hébergement outsourcé. J’ai fini ma carrière en tant que directeur général du groupe, que j’ai quitté après avoir redressé l’activité et accompagné son rapprochement avec ITS.
Je suis ensuite revenu à la codirection de la société ASCO (gestion de projet) pour développer le CA de 2M€ à 20M€ en 10ans. En parallèle, j’ai racheté la société Upper-Link et développé l’activité de 800K€ à 6M€ en quelques années pour positionner Upper-Link en société phare de la transformation digitale des SI.

D’où vient cette idée de création d’entreprise ?
Les redressements et le développement d’ASCO et d’Upper-Link ont pour points communs le changement des fondamentaux de l’entreprise, culture, modèle de management et développement des offres. Les deux entreprises ont des stratégies très différentes. ASCO est spécialiste en gestion de projet et se positionne sur un créneau métier, qui est la gestion de projets pour les grandes entreprises. Upper-Link est spécialiste en transformation digitale des SI, est transverse et s’adresse à tous les secteurs d’activités, plutôt aux ETI et aux PME.

ASCO est très connue sur son secteur. Nos consultants sont des spécialistes qui participent à la gestion de très grands projets. La richesse de notre offre permet d’offrir à nos clients des services globaux de “PMO as a Service” et à nos collaborateurs des évolutions transverses : support projet, planification, contrôle projet, gestion des ressources, gestion des contrats, réclamations, etc. Notre expertise nous a permis d’éditer une solution de planification 4D, 5D, XD très novatrice. Nos activités permettent à nos clients de maîtriser leurs projets, leurs coûts et de satisfaire leur donneurs d’ordres.

Upper-Link travaille sur la transformation digitale des entreprises, plus particulièrement de leur SI. Nous sommes à la pointe des technologies Cloud, digital workplace, infrastructure, sécurité, CRM, BI/Data… applicables et exploitables pour les entreprises. Cette transformation devient pour les entreprises traditionnelles une question de survie. Outre l’aspect business, nos consultants se font une vraie mission d’accompagner nos clients et de leur apporter toute la valeur ajoutée possible à leur système d’information.

Les points forts communs des entreprises : offres passionnantes ayant un réel apport en termes de valeur ajoutée pour nos clients.  Nos consultants sont bien formés et travaillent dans une ambiance agréable et dynamique avec un engagement fort de la direction et de chaque consultant.

Comment voyez-vous la France dans 20 ans ?
J’ai deux visions possibles de la France dans 20 ans : l’une pessimiste et l’autre en laquelle je crois et qui, je l’espère sera celle qui adviendra.

Concernant la pessimiste : nos institutions ne changent pas et ne permettent pas à la France de faire face à la transformation du monde qui s’accélère. Celle-ci se traduirait par un repli de la France qui l’appauvrirait tant économiquement que culturellement, ce qui augmenterait les fractures sociales et réduirait les libertés. La France et l’Europe ne sauraient pas s’armer contre l’hyper-capitalisme financier (qui est très différent du capitalisme d’entrepreneuriat qui lui est bénéfique). Ce serait alors l’appauvrissement de l’entrepreneuriat au profit de grandes concentrations et mouvements financiers nuisibles, comme nous en connaissons déjà. Cette concentration de la richesse pourrait alors créer des déséquilibres sociaux et politiques dignes de certains films de science-fiction.

Ma vision optimiste est celle pour laquelle nous devons nous battre et qui nécessite un engagement de tous : politiques, citoyens, salariés et entrepreneurs. C’est une société équilibrée où les politiques et les institutions démocratiques reprendraient la main sur le grand capitalisme financier et recréeraient une fluidité du travail en France. C’est une société où la confiance dans les institutions française et européenne prendraient corps et la solidarité ne serait plus une affaire d’obligation d’Etat uniquement mais de tous. C’est une société où le fisc saurait prélever l’argent à la source de la création de richesse sur le territoire, ce qui n’est pas fait à ce jour notamment pour les entreprises full Internet. C’est une société où le travail d’entreprenariat ne serait pas plus taxé que les revenus des très grandes entreprises. C’est une société où les citoyens seraient réellement engagés dans leur travail dans un équilibre travail / famille / loisir, et les entreprises n’auraient plus de craintes d’embaucher dans la considération et le respect voire avec une dimension maîtrisée d’embauches purement sociales.

Un message à faire passer aux citoyens français ?
Adhérez et participez à des associations intelligentes véhiculant des valeurs équilibrées économiques et sociales. Engagez-vous davantage dans la transformation de notre société. N’ayez pas peur de donner un peu de vous-même sans crainte de ne pas recevoir en retour. Engagez-vous plus, et sincèrement, dans votre travail. N’ayons plus de défiance systématique entre salariés et patrons. Pratiquez la méditation ou activité de même nature tous les jours. Faites du sport, lisez, sortez et cultivez le bonheur.

Un message à faire passer aux entrepreneurs français ?
Il est important d’avoir une vision de ce que l’on veut de son entreprise. Cette vision peut être associée à un développement important de son chiffre d’affaires ou, à l’inverse, de maintenir un niveau d’activité sans chercher de croissance voire chercher de la décroissance pour rééquilibrer la nature de l’activité avec sa dimension. Nous sommes assaillis de cas de réussites, de grosses croissances, de rachats, de concentration d’activité mis en exemple. Les médias et les politiques ne s’intéressent pas à cette majorité d’entreprises qui vivent bien ou à l’équilibre et qui font l’emploi solide de la France. Pour autant, que l’on cherche ou non la croissance, il est nécessaire de toujours s’interroger sur la transformation de son entreprise sans céder aux phénomènes de mode. Et bien sûr le sens économique du projet d’entreprise reste majeur.

L’entreprise a un rôle social très important par le maintien et la création d’emplois. L’entreprise doit savoir s’engager vis-à-vis de ses salariés et participer avec ses collaborateurs à une dynamique, une solidarité et une ambiance positive pour tous. Pour autant, là encore, s’il y a des besoins de réduction ou de renouvellement d’effectifs, il faut savoir le faire et c’est bien souvent difficile moralement et face aux contraintes du droit du travail français. Ces actes de direction sont parfois nécessaires pour maintenir l’activité.

Un message à faire passer à nos décideurs ?
Mesdames, Messieurs les politiques, reprenez la main sur le cours du monde. Les grands mouvements financiers, les concentrations d’argent dans des pays sans fiscalité, les lobbys qui vous font voter des lois ne protégeant pas notre terre et rendant la vie difficile aux petits entrepreneurs par des réglementations compliquées. Soyez courageux !

Merci beaucoup René-Louis pour votre contribution,

(crédits photo : Expressions de France)

 

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